Harcèlement : l'ijime au-delà des frontières ?

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Aujourd'hui je vais vous parler d'un sujet qui me tient particulièrement à cœur et que je vais aborder de manière très sérieuse, qui est celui du phénomène dit d'ijime ou "intimidation" en japonais. Il désigne le harcèlement, la persécution au sein de la société japonaise, phénomène couramment répandu au pays du Soleil Levant mais encore trop tabou pour en parler.

Petit topo

L'ijime apparaît sous diverses formes : racket, brimades, insultes, sévices physiques... C'est une pratique présente principalement dans les écoles (les collégiens sont les plus touchés), mais on la retrouve également dans la vie professionnelle. Dans une société ultra-conformiste où ne pas appartenir à un groupe c'est être différent, et où ne pas être comme les autres est une offense, on trouve souvent ce genre de "boucs-émissaires", de "têtes de turcs" complètement à la merci de leurs bourreaux.

Car l'ijime est un phénomène collectif. On agit toujours à plusieurs contre un. Et pour les Japonais, mieux vaut se ranger du côté du plus fort. C'est là où un lycéen par exemple peut se retrouver seul face même à son meilleur ami qui aura changé de camp...
C'est là où l'on observe 4 types d'individus bien distincts : ceux qui persécutent, celui qui est persécuté, ceux qui assistent et ceux qui participent.

Quelles sont les raisons ?

Stress, culte du résultat, pression des parents... On évoquera au Japon beaucoup de raisons pour justifier ce phénomène. Les enseignants qui poussent à la compétition, les parents qui investissent des millions de yens pour que leurs enfants réussissent seraient donc des vecteurs au défoulement de certains jeunes Japonais sur leurs camarades.

Mais pourquoi est-on susceptible de devenir un souffre-douleur alors ? Nouveau dans l'établissement, étranger (différence culturelle, couleur de peau etc.), trop bons ou trop mauvais résultats scolaires... Tout est bon pour être le nouveau défouloir en somme, dès qu'on s'écarte du "groupe" comme nous le rappelle le fameux proverbe japonais : "Le clou qui dépasse appelle le coup de marteau"...

Conséquences

Changement de comportement, état dépressif, auto-mutilation, agressivité ou parfois même suicide... Les conséquences de ce type de harcèlement au Japon a des conséquences désastreuses. Celle que l'on observe le plus souvent néanmoins est le phénomène de hikikomori (le renfermement, le repli sur soi). Car rien de pire pour un Japonais de perdre la face, ce serait trop honteux d'en parler à quelqu'un. La notion d'honneur est quelque chose de primordial dans leur société.

Mais que fait-on pour empêcher l'ijime, que fait le personnel éducatif ? La plupart du temps rien, les enseignants et proviseurs préfèrent se voiler la face que prendre le risque qu'un tel phénomène survienne au sein de leur établissement. D'où la loi du silence.

Plusieurs cas ont tout de même ému l'opinion publique, comme le cas du jeune Hiroki qui s'est suicidé à 13 ans après des agressions de plus en plus violentes.


Et ailleurs...

Et bien on se rend compte que ce phénomène n'est pas propre au Japon, mais qu'il est commun au monde entier, particulièrement dans les écoles...

Des pays comme le Royaume-Uni ou la Suède ont pris des mesures afin de pallier au harcèlement scolaire. Ils ont visiblement trouvé des méthodes qui fonctionnent. Pour le cas de la France, le débat national n'a été ouvert qu'en 2011... soit avec trente ans de retard par rapport à nos voisins européens ! Dans les faits, je vous laisse le soin de regarder le fameux reportage de France 2 "Souffre-douleurs : ils se manifestent", diffusé début février et qui a fait énormément réagir.


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